Oussama ATAR : le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 et du 22 mars 2016

Oussama ATAR est né en 1984 à Bruxelles, de parents marocains.

Il a fréquenté très tôt la famille AYACHI, dont le père, Bassam AYACHI, connu sous le nom de Cheikh Bassam et d’origine franco-syrienne, est considéré comme un prédicateur radical responsable de l’endoctrinement de nombreux jeunes belges.

Oussama ATAR a fini par rejoindre le territoire de l’Etat Islamique en décembre 2013, où il a gravi les échelons jusqu’à devenir l’Emir responsable de la cellule des opérations extérieures (COPEX). Il est connu sous la kunya Abu Ahmad Al-Iraki.

Oussama ATAR : l’étudiant belge devenu combattant en Irak puis émir de l’Etat Islamique

1er voyage en Syrie dans les années 2000

Oussama ATAR a effectué un premier voyage en Syrie alors qu’il était encore mineur, pendant environ un mois, au début des années 2000, avec deux amis et la famille de l’un d’eux, la famille AYACHI. 

2nd voyage en Syrie et en Irak entre 2003 et 2012

Oussama ATAR est de nouveau parti en Syrie en septembre 2003, au prétexte d’y faire des études.

Il aurait très rapidement rejoint l’Irak pour prendre part aux combats contre l’armée américaine et se serait alors rapproché d’Abou Mohamed AL-ADNANI, déjà militant, qui deviendra par la suite le Ministre des attentats de l’Etat Islamique.

Oussama ATAR a été arrêté en février 2005 par l’armée américaine, et condamné par les tribunaux irakiens d’abord à une peine de prison à perpétuité puis, après recours, à une peine de 10 ans d’emprisonnement.

Suite à la mobilisation de sa famille (dont son petit frère, Yassine ATAR, également condamné pour avoir pris part à l’organisation des attentats du 13 novembre 2015), soutenue par des parlementaires ainsi que l’ONG Amnesty International, Oussama ATAR a bénéficié d’une libération anticipée pour raison de santé et a pu regagner la Belgique en septembre 2012.

Un retour en Belgique de courte durée : septembre 2012 à décembre 2013

De retour en Belgique, Oussama ATAR a été inculpé par un juge belge pour participation à une organisation terroriste, et laissé libre.

Si certains proches ont démenti sa radicalisation à cette période, d’autres l’ont confirmée. Cité comme témoin devant la Cour d’assises lors du procès des attentats qui s’est tenu de septembre 2021 à juin 2022, son oncle a rapporté qu’Oussama ATAR plaçait un paravent devant l’écran de la télévision afin de ne pas voir les journalistes, présentatrices et actrices à la télévision.

Pendant cette période où il était en Belgique (fin 2012/2013), Oussama ATAR a fréquenté ses cousins, les frères EL BAKRAOUI.

Oussama ATAR s’est fait délivrer un passeport et a pu prendre un avion en direction de la Tunisie en novembre 2013, avant d’être refoulé et renvoyé en Belgique.

Sitôt de retour en Belgique, Oussama ATAR a cherché à fuir.

3ème et dernier voyage en Syrie en décembre 2013

Alors qu’il était sous surveillance, et inculpé en Belgique, Oussama ATAR a réservé et pris un vol depuis Bruxelles pour Istanbul, en Turquie, courant décembre 2013.

 Il rejoindra alors le territoire de l’Etat Islamique et retrouvera Abou Mohamed AL-ADNANI.

Le rôle d’Oussama ATAR au sein de l’Etat Islamique

Oussama ATAR était un personnage assez discret.

Proche d’Abou Mohamed AL-ADNANI, Ministre des attentats de l’Etat islamique, porte-parole considéré comme le numéro 2 de Daesh, il a d’abord officié comme responsable des gardiens des otages de l’Etat Islamique, dont les geôliers les plus tristement connus Mehdi NEMMOUCHE, Najim LAACHRAOUI ou encore les anglophones surnommés « les Beatles ».

Il est ensuite devenu responsable de la Liwa As Saddiq, une brigade de combattants d’exception créée par Abou Mohamed AL-ADNANI.

Puis, Oussama ATAR a pris la direction de la cellule des opérations extérieures de l’Etat islamique, la COPEX, qui était chargée d’organiser les attentats.

Le rôle primordial d’Oussama ATAR dans la survenance des attentats du 13 novembre 2015 et du 22 mars 2016

    • Oussama ATAR est intervenu dans le processus de radicalisation des frères EL BAKRAOUI, ses cousins, qui coordonneront les attentats du 13 novembre 2015 de Paris et Saint-Denis, et se feront ensuite exploser à l’aéroport de Zaventem et dans une rame du métro bruxellois le 22 mars 2016. Il les a visités à de nombreuses reprises alors qu’il était de retour à Bruxelles et qu’ils étaient eux-mêmes incarcérés pour des faits de droit commun (2012/2013).
    • Selon toute vraisemblance, Khalid EL BAKRAOUI et Oussama ATAR se sont rencontrés en novembre 2014 à proximité de la frontière turco-syrienne, ce qui a marqué la création de la cellule terroriste qui sera responsable des attentats.
    • Oussama ATAR constitue le lien entre les deux groupes terroristes qui ont préparé et exécuté les attentats du 13 novembre 2015 et du 22 mars 2016 : 

– Le groupe des revenants, ceux qui se sont entrainés en Syrie et qu’il a fédérés : Najim LAACHRAOUI et Abdelhamid ABAAOUD

– Le groupe des coordinateurs belges qu’il connaît bien, appui indispensable à l’exécution du projet d’attentats : les frères EL BAKRAOUI, ses cousins, et Yassine ATAR, son jeune frère

    • Oussama ATAR a organisé le retour en Europe des commandos terroristes : il les a téléguidés en leur fournissant du matériel (argent et téléphone) ainsi que les contacts des passeurs aux frontières.
    • La cellule terroriste constituée en Europe rendait régulièrement des comptes à Oussama ATAR : les enquêteurs ont pu retrouver des échanges de messages entre Bruxelles et la zone irako/syrienne.

La mort annoncée d’Oussama ATAR

Oussama ATAR a vraisemblablement été tué en Syrie en novembre 2017, dans une frappe aérienne de la coalition internationale.

La condamnation par défaut d’Oussama ATAR

Oussama ATAR a été jugé en son absence pour son rôle dans le cadre des attentats du 13 novembre 2015, du chef notamment de direction d’une organisation terroriste, car bien que présumé mort, son corps n’a pas pu être retrouvé et formellement identifié par la justice française.

La Cour d’assises spécialement composée en matière terroriste l’a condamné à la peine maximale applicable en droit français : la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible et d’une interdiction définitive du territoire français (cliquez ici pour plus d’informations sur le verdict de la Cour d’assises dans le procès V13).

Il est de nouveau jugé depuis le lundi 5 décembre 2022 par la Cour d’assises de Bruxelles dans le cadre du procès relatif aux attentats de l’aéroport de Zaventem et du métro Maelbeek du 22 mars 2016.


Laura Costes avocat à Toulouse spécialisé en droit pénal et effacement de fichiers

Le Cabinet d’Avocats 222 a développé une expertise particulière en matière de procédures pénales terroristes et d’indemnisation des victimes d’actes de terrorisme devant le Fonds de garantie des victimes ou devant la Juridiction de l’Indemnisation des Victimes d’Actes de Terrorisme (JIVAT).

Contactez nous au 05.31.61.37.82.